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Requiem pour nos races – Troisième partie

Pointing Dog Blog

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Requiem pour nos races – Troisième partie

Dog Willing

Pour commencer, la mauvaise nouvelle : il y a une tempête à l'horizon et nous ne sommes pas suffisamment prêts pour l’affronter.

Et la bonne nouvelle? Nous avons déjà traversé une tempête similaire et non seulement y avons-nous survécu, mais cette tempête a donné naissance à nos chiens d'arrêt modernes.

Eduard Korthals et ses Griffons.

Eduard Korthals et ses Griffons.

Lorsque Edward Laverack, le père du setter anglais moderne est né en 1800, il n'existait aucun club de race, standard de race, registre canin, ni aucun trial ou exposition canine. Il n'y avait pas de trains, d'automobiles, de téléphones ou de photographies. Même le système postal n'était pas encore complètement développé et la médecine venait tout juste de sortir de l'âge des ténèbres.

Mais quand Laverack mourut en 1872, le monde entier avait changé. Les dernières nouvelles parcouraient le pays en quelques minutes grâce au nouveau télégraphe et aux médias en plein essor. Les gens et leurs chiens pouvaient voyager en train d'un bout à l'autre de l'Angleterre en une seule journée et prendre un bateau à vapeur pour traverser l'Atlantique en moins d'une semaine.

Les hommes et les femmes du temps de Laverack ont vécu une série de changements culturels bouleversants provoqués par des progrès technologiques importants. Et au beau milieu de tout cela, ils ont créé le chien d’arrêt moderne. Un siècle et demi plus tard, nous vivons nous aussi une période de bouleversement similaire. La principale différence est que nous avons infiniment plus d'informations et de ressources à notre disposition pour faire face aux défis.

Alors pourquoi tant de nos races de chiens d'arrêt sont-elles en si mauvaise posture? Que faisons-nous de travers? Dans la section qui suit, je ferai de mon mieux pour expliquer mon point de vue sur certains des problèmes les plus pressants auxquels nos races de chiens d'arrêt sont confrontées de nos jours. Je proposerai également des solutions pouvant être envisagées par les éleveurs, les clubs de race et les sociétés canines.

Going North: King's Cross Station, London. George Earl, vers 1895

Going North: King's Cross Station, London. George Earl, vers 1895

PROBLÈME : Nous avons un rapport d'amour/haine avec la technologie. Beaucoup de chasseurs et d’éleveurs d'aujourd'hui ont une vision un peu contradictoire. D'une part, ils aiment profiter des avantages de certains éléments de la technologie. Par exemple, ils n'ont aucun problème à utiliser le géonavigateur de leur voiture pour les guider aux champs, ou à utiliser leur téléphone intelligent pour partager leurs photos de chasse avec des amis qui habitent à 1 000 kilomètres d’eux, ou un collier de repérage relié à un satellite de plusieurs milliards de dollars pour suivre leurs chiens. Mais quand il s'agit de l'élevage de leurs chiens, beaucoup vivent encore dans le passé. Ils adhèrent à des notions dépassées de l’époque victorienne en ce qui concerne le sang « pur » et s'opposent à quiconque ose suggérer de moderniser leur approche.

Et beaucoup trop d'éleveurs ne parviennent pas à suivre les progrès rapides annoncés presque quotidiennement dans le domaine de la génétique, même s'ils peuvent accéder à un large éventail d'informations sur leur téléphone intelligent, ni à suivre des cours complets et même gratuits sur la génétique canine et les stratégies de sélection dans le confort de leur salon!

SOLUTION : Suivons l'exemple des créateurs de nos races de chiens d'arrêt et profitons des dernières avancées technologiques. Nos races ne sont pas des reliques du passé, d'une époque révolue. Bien sûr, nous devons honorer leur histoire et ne jamais perdre de vue leur conception et leur but originels, mais nous devons cesser de nous accrocher à des idées obsolètes. Nous devons laisser les résultats des tests scientifiques sur la santé, les tests de performance et la compétition des trials guider nos décisions en matière de sélection. Avant tout, nous devons utiliser les connaissances acquises au cours des 100 dernières années pour résoudre les principaux problèmes qui menacent nos races aujourd'hui.

De nombreuses races de chiens d'arrêt pourraient bénéficier d'un programme officiel de retrempe fondé sur des principes scientifiques et rationnels. Un tel programme augmenterait la diversité génétique et contribuerait dans une large mesure à réduire le risque des problèmes de santé. Les éleveurs en Irlande de setters irlandais rouge et blanc suivent un tel programme depuis plusieurs années et obtiennent depuis d'excellents résultats.

Parmi les races françaises, il y a eu des retrempes officielles et officieuses effectuées généralement par des particuliers ou de petits groupes d'éleveurs cherchant des gains à court terme. Alors que certaines de ces retrempes ont eu des effets bénéfiques, d'autres ont apporté leur lot de problèmes. Néanmoins, dans le monde canin, de plus en plus de voix se font entendre pour exhorter les éleveurs et les clubs de race à envisager les retrempes officielles pour les races vulnérables. Plusieurs groupes, sur les réseaux sociaux notamment, adhèrent à l’idée et échangent des informations. L'un de ces groupes sur Facebook, « Outcross for Life », compte près de 2 000 membres.

Le site Web de l'Institut of Canine Biology est l'une des ressources les plus précieuses disponibles pour les éleveurs et les clubs de race. On y offre des cours et des ateliers sur une foule de sujets comme la gestion de la génétique pour l’avenir, la génétique du comportement et de la performance et les stratégies de sélection pour la préservation des races.

Pour résumer, si les éleveurs et les clubs continuent de résister aux avancées technologiques du 21e siècle, nous assisterons à une baisse marquée de la qualité et du nombre de nos races de chiens d’arrêt, voire même à la disparition de races entières.

Coming South, George Earl

Coming South, George Earl

PROBLÈME : Nos compétences en communication sont nulles. De nos jours, il n’en coûte presque rien pour créer, en quelques minutes, un site Web qui nous permet de contacter à peu près n'importe qui, n'importe où sur la planète, et ce, en un seul clic sur un téléphone intelligent ou un ordinateur. Malgré la possibilité pour les éleveurs d’informer le monde entier de leur dernière portée de chiots, ou pour les clubs de recruter de nouveaux adhérents, il n’est pas rare d’entendre les gens se plaindre d’un « manque de demande » pour leurs chiots ou d’une baisse dans le nombre d’adhérents dans leurs clubs de race.

Mais il faut se rappeler que nos ancêtres ont créé le monde des chiens d’arrêt avec la plume et le papier, le courrier traditionnel et la publicité dans les journaux. Pouvez-vous imaginer ce qu’ils auraient pu faire s’ils avaient eu, comme nous, accès à Internet, au téléphone et aux photos numériques? Bien que nous soyons en 2019, de nombreux éleveurs et clubs de race ont des sites Web nuls et obsolètes. Pire encore, nombre d’entre eux ne sont pas actifs sur les médias sociaux ou, s’ils le sont, n’ont aucune idée de la façon dont ils peuvent en tirer profit. J'ai vu des membres et même des présidents de club commettre des erreurs flagrantes en relations publiques sur Facebook en publiant des diatribes vicieuses, des missives virulentes ou des tas de conneries pour tenter de sortir victorieux d'une dispute ou pour régler de vieux comptes.

SOLUTION : Réveillez-vous! Nous sommes en 2019 et non en 1919. Il faut absolument avoir un bon site Web et savoir maîtriser les médias sociaux. Ce qui est pire que de ne pas avoir de site Web, c'est d'en avoir un que vous n'avez pas mis à jour depuis des années. Du point de vue des acheteurs potentiels, cela équivaut à avoir un chenil délabré que vous n'avez pas nettoyé depuis des lunes. Et je dois dire qu'à bien des égards c'est en France que se trouvent les pires sites ou que de nombreux éleveurs n'en ont même pas. Ceux qui en ont utilisent des plates-formes aux fonctionnalités désuètes, notamment sur les téléphones mobiles. Heureusement, les sites Web actuels sont peu coûteux et faciles à créer et à maintenir. Découvrez Squarespace, Weebly ou Wix. Vous pouvez avoir un site Web opérationnel en une heure ou deux et le maintenir pour presque rien.

EN UN MOT : reprenez-vous, sinon vous allez échouer.

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PROBLÈME : Nous vivons dans des bulles. L'un des problèmes les plus importants auxquels les races à faibles effectifs sont confrontées de nos jours est une sorte de ghettoïsation, l’effet persistant de mauvaises décisions prises il y a 100 ans. Aujourd'hui, même si nous vivons dans un monde de plus en plus connecté, nos races et nos clubs de race sont encore plus divisés que jamais et, au lieu d'essayer de trouver un terrain d'entente, beaucoup cherchent à les subdiviser davantage.

SOLUTION : Construisez des ponts et non pas des murs. En France, il existe un club canin national (SCC), de nombreux clubs régionaux, des clubs de race et même des « réunions d’amateurs » et des « comités de sauvegarde » pour certaines races. Ne devrait-il pas y avoir une sorte de club ou d'organisation pour représenter l’ensemble des races de chiens d'arrêt françaises?

Oui, il y en a un... en Allemagne!

Pendant les années 1980, les amateurs de races de chiens d'arrêt françaises, en Allemagne, ont mis en commun leurs efforts afin d’organiser des tests et des trials et de promouvoir les races de chiens d'arrêt françaises auprès des chasseurs locaux. Mais en France, une telle organisation n'existe pas et, autant que je sache, aucune tentative n'a été faite pour en créer une.

Alors pourquoi ne pas lancer un genre de « club des clubs » en France pour toutes les races de chien d’arrêt du pays? Ou même établir une alliance internationale, dont le siège serait en France, et avec des filiales ailleurs dans le monde. Il existe déjà, au Canada et aux États-Unis, des clubs pour le breton, le braque français, le griffon korthals, l’épagneul français, l’épagneul picard et le braque du Bourbonnais. Pourquoi ne pas encourager ces clubs à travailler de concert avec un club parent en France qui pourrait les aider à maintenir et à améliorer ces races?

Un tel système serait particulièrement bénéfique pour les races françaises à faible effectif. Cela permettrait, si l'on souhaite faire face aux défis d'aujourd'hui, de regarder au-delà des frontières des régions et de la France entière. Trouver des alliés dans d’autres pays, semer des graines dans des terrains fertiles en dehors de la France assurerait leur avenir. Mais cela ne devrait pas être fait, comme aujourd'hui, en envoyant simplement des chiots à l'étranger pour les oublier ensuite. Il est essentiel que les Français jouent un rôle de premier plan dans la gestion des races hors de leurs frontières, en offrant des conseils, une assistance et un accès aux juges, aux tests et trials, etc.

Je pense que beaucoup des problèmes auxquels se heurtent les races françaises aujourd’hui peuvent être résolus en aidant ces races à s’épanouir dans d’autres pays prêts à les accueillir. Certaines races ont vraiment besoin d'une sorte de « défense » internationale comme celle qui a permis d'éviter que les vignes françaises ne disparaissent lors du Grand brûlage du vin, en France, à la fin des années 1800.

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Les amateurs de races de chiens d'arrêt françaises réveillez-vous! Un riche trésor est en train de se perdre dans le pays d'origine en raison de la complaisance, du pessimisme et de la négligence pure et simple. Mais il n’est pas trop tard. Si nous unissons nos efforts et mettons à profit la technologie à notre disposition, nous pourrons redonner aux races françaises leur place légitime en tant que joyaux de la couronne du monde des chiens de chasse.

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